Vivons-nous déjà en Anarchie ? La révélation choc

Le débat sur l’anarchie et l’État continue de diviser, même parmi ceux qui aspirent à une société plus libre. D’un côté, les anarchistes traditionnels prônent la disparition totale de l’État, considérant son existence comme une entrave à la liberté individuelle. D’un autre côté, des voix contemporaines, avancent une idée intrigante : l’anarchie n’est pas un futur idéal à atteindre, mais un état déjà présent, un cadre dans lequel les institutions, y compris l’État, émergent naturellement. Selon cette vision, l’État ne serait pas un antagoniste, mais un sous-produit de l’ordre anarchique, une tentative humaine d’organiser les interactions pour le bien commun.

Cette réflexion soulève une question essentielle : si l’anarchie est déjà notre condition, comment l’État peut-il être remodelé pour servir le bien commun, plutôt que de s’opposer à la liberté des individus ? Cette problématique invite à repenser les notions d’autorité et de pouvoir, non plus en termes de domination, mais en tant que processus dynamique et évolutif.

Émergence Naturelle

Le système politique et économique international est un champ de bataille anarchique non régulé, où des États se livrent des luttes pour obtenir davantage de pouvoir.

L’anarchie est à la fois l’état primitif et l’état sous-jacent permanent de l’humanité, dans lequel elle peut retomber à tout moment. De cet état primitif, les groupes humains se confrontent naturellement à des conflits et à des dilemmes d’organisation.

Ainsi naissent des cultures visant à simplifier les interactions sociales, émergeant naturellement des groupes humains en interaction. Quiconque a mis deux bébés l’un à côté de l’autre assez longtemps a pu les voir créer un langage qui leur est propre, incompréhensible pour quiconque d’autre. La langue est la première étape de la culture, qui s’étend rapidement à tout un ensemble de pratiques et de façons de penser que l’on appelle une culture. Celle-ci est influencée par l’ensemble des conditions environnementales et génétiques de la population concernée.

Puis, pour assurer leur survie et faciliter la coopération, les groupes ont développé des mécanismes de régulation collective, des systèmes de normes et de valeurs partagés qui permettent de structurer leurs interactions. Ces régulations émergent spontanément au sein des communautés, mais lorsque les groupes deviennent plus grands et plus complexes, ces mécanismes informels ne suffisent plus. C’est ainsi que l’État apparaît comme une tentative d’organiser ces régulations à une échelle plus vaste, pour éviter le chaos total et garantir un certain ordre social.

La Culture comme Ciment des Interactions

Les tentatives échouées de sociétés multiculturelles illustrent que le droit naturel, bien qu’il constitue un point de convergence essentiel pour les sociétés avancées, ne peut à lui seul garantir une cohésion sociale durable. Une évolution sociétale harmonieuse nécessite non seulement des principes de justice universels, mais aussi des fondations culturelles partagées qui permettent aux individus de s’engager de manière significative et cohérente dans le cadre de leurs interactions sociales. Sans cette base culturelle, les sociétés risquent de rencontrer des conflits et des divisions qui rendent difficile l’application et l’acceptation de toute forme de droit.

La culture ne doit pas être perçue comme un simple élément folklorique accessoire à l’économie, mais comme un ciment essentiel qui fluidifie les interactions, qu’elles soient économiques ou sociales. Son rôle est d’accroître la prévisibilité des comportements : lorsque vous partagez la même culture que quelqu’un, il est plus facile de prédire ses réactions dans une situation donnée, ou à ce que vous allez lui dire. À mesure que la distance culturelle s’accroît, cette prédictabilité diminue, rendant les interactions plus complexes. Certaines cultures sont ainsi plus compatibles entre elles que d’autres, en raison de cette proximité culturelle. Par exemple, un Français et un Autrichien, bien que ne partageant ni la langue ni une frontière directe, auront probablement des réactions plus similaires qu’un Français et un Congolais, malgré leur langue commune, le français.

Des Cultures au Pouvoir : Comment émerge l’Organisation Humaine

Les cultures nécessitent un certain niveau de contrainte, qui, à l’échelle de la tribu, de la famille ou de la petite mafia, peut être appliquée par simple pression sociale. Il est important de noter que pour un individu qui grandit au sein de cette culture, ces contraintes sont tellement intériorisées dès le plus jeune âge, notamment grâce aux neurones miroirs, que l’individu ne les perçoit pas comme telles, mais comme faisant partie de sa morale.

Cependant, les groupes organisés les plus grands tendent à accumuler plus de pouvoir (loi de Pareto). Il devient alors nécessaire de trouver des formes d’organisation qui puissent s’étendre au-delà de la simple pression sociale, parce que la taille de ces groupes doit alors organiser les interactions entre différentes sous-cultures locales.

Ainsi, certains individus, particulièrement avisés, choisissent de s’organiser pour coordonner des normes culturelles dans des groupes sociaux de plus en plus vastes, ce qui nécessite l’établissement d’une législation et d’un système de police. À mesure que les sociétés se complexifient, les simples relations interpersonnelles et la pression sociale au niveau local ne suffisent plus à maintenir l’ordre. Une autorité extérieure, capable d’imposer des règles à une échelle plus large, émerge alors pour assurer la cohésion sociale et tenter de réduire les conflits tels que les massacres entre différentes sous-cultures, comme ceux observés entre catholiques et protestants en Europe ou entre Hutus et Tutsis en Afrique.

Aversion à la Perte et Homogénéisation Culturelle

Ce désir de se prémunir contre le risque de tels massacres pousse les individus à déléguer une partie de leur pouvoir d’autonomie à un État. En effet, l’aversion à la perte est psychologiquement bien plus forte que le désir de gain, et les humains sont prêts à accepter cette délégation de pouvoir malgré les imperfections de l’État dans la prévention des conflits. Cependant, mon avis est que les cultures qui, malgré cette délégation, choisissent de préserver la notion de droit à la défense, comme c’est le cas aux États-Unis, reconnaissent mieux la nature anarchique sous-jacente et permanente des société humaines, et réduisent ainsi considérablement le risque de dérive autoritaire de leur État. En permettant aux citoyens de se défendre, ces sociétés maintiennent un équilibre entre la sécurité et la liberté, contribuant ainsi à une gouvernance plus juste et moins sujette aux abus de pouvoir.

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En temps de paix, un État non tyrannique et efficient, capable de garantir une croissance économique durable et continue, peut favoriser une certaine homogénéisation des sous-cultures. Cela se produit naturellement avec l’émergence d’une culture commune, comme on l’a observé aux débuts des États-Unis avec l’effet « melting pot », où divers groupes culturels ont progressivement fusionné en une identité nationale partagée. Cet effet est d’autant plus rapide que les interactions économiques et sociales entre individus de différentes sous-culture augmentent. Ce scénario représente l’idéal d’une société unifiée par des valeurs communes, sans recours à la coercition. Cependant, il arrive aussi que certains États utilisent la force pour effacer ou assimiler les sous-cultures locales minoritaires, dans le but d’homogénéiser de manière forcée les populations sur leur territoire ou celles qu’ils ont conquises. L’Empire romain, par exemple, a tenté d’unifier les peuples sous sa domination à travers la romanisation, tout comme l’Église catholique a imposé son influence culturelle dans diverses régions.

L’Idéal Anarchique et ses Frontières

Cette homogénéisation culturelle est ce qui se rapproche le plus de l’idéal anarchique, car elle permet aux individus de s’auto-organiser sans qu’une autorité extérieure soit nécessaire pour faire respecter les règles. Cependant, elle présente des limites. D’une part, une minorité de la population déviera toujours des normes (criminels, antisociaux, etc.), nécessitant une force policière et un système judiciaire pour juger ces écarts. La forme la plus anarchique de cette régulation est représentée par les chasseurs de primes, comme ceux de l’époque du Far West. Ces derniers étaient nécessaires en raison de la vaste étendue des territoires américains, alors peu peuplés, qui limitaient fortement la possibilité de mettre en place un organe judiciaire bien organisé.

D’autre part, l’idée que l’on pourrait se passer entièrement d’un État repose sur une méconnaissance des dynamiques psychologiques humaines. Ces dernières tendent naturellement à créer des cultures divergentes et à percevoir l’« autre » comme une menace, en particulier lorsque les interactions économiques et sociales entre deux groupes ralentissent. Cela est inévitable lors de phases de ralentissement économique ou de catastrophes naturelles, qui ne pourront jamais être totalement éliminées. Ces conditions renforcent le besoin d’une structure organisationnelle pour maintenir la cohésion et la sécurité, bien que la capacité à l’autodéfense et la possession d’armes comme aux USA, puissent jouer un rôle dissuasif important en toute autonomie, réduisant ainsi le besoin d’État.

Droit Naturel et Dérives Expansionnistes

Les normes culturelles sont généralement fortement basées sur le droit naturel, comme la préservation de la sécurité physique, afin d’acquérir une légitimité populaire. Cependant, elles peuvent parfois s’en écarter, surtout avec le temps.

La rareté des ressources joue un rôle clé dans l’expansion étatique. Lorsque des ressources naturelles précieuses sont limitées, les groupes humains sont poussés à la compétition pour en prendre le contrôle. Cette dynamique conduit à une organisation plus formelle et centralisée pour mobiliser et protéger ces ressources.

Cette organisation peut prendre la forme d’une mafia locale ou d’un État à plus grande échelle. Bien que les termes « mafia » et « État » décrivent des structures différentes, il n’y a pas de différence fondamentale entre eux, si ce n’est leur échelle. Une mafia locale exerce une forme de contrôle et de régulation au sein de sa propre communauté, souvent par la force et l’intimidation. De la même manière, un État, bien que plus structuré et étendu, utilise également des mécanismes de pouvoir pour organiser et réguler la société, souvent en recourant à la force pour maintenir l’ordre et étendre son influence. La différence réside principalement dans la portée et la formalisation des structures de pouvoir, mais le principe de base reste le même : la centralisation du contrôle pour gérer les ressources et maintenir la cohésion.

La mafia ou l’État peut alors étendre son rôle de régulateur interne, et devenir une entité expansionniste qui cherche à sécuriser des territoires et des richesses extérieures. L’accès aux ressources rares, qu’il s’agisse de terres fertiles, de minerais ou d’eau, devient un facteur de motivation pour la conquête, car il garantit la survie et la prospérité d’un groupe ou d’une nation.

Pré-Abondance énergétique

Dans une phase pré-abondance énergétique, où l’humanité n’a pas encore trouvé de sources d’énergie inépuisables ou facilement accessibles (comme la fusion nucléaire), l’économie repose largement sur la possession et l’exploitation de ces ressources matérielles. Cette réalité amplifie la pression pour l’expansion étatique, car chaque acquisition de territoire ou de ressource renforce le pouvoir de l’État en place et assure sa domination face à d’autres entités concurrentes.

Par exemple, dans le contexte actuel, aucune entité internationale ne dispose d’un pouvoir suffisant pour assumer le rôle d’État mondial. La notion de justice internationale n’est qu’une tentative de régulation dans un système où les mécanismes de gouvernance sont encore fragmentés et inefficaces.

En conséquence, les États et les associations d’États se livrent une lutte pour le pouvoir, de la même manière que les micro-états ou les mafias l’ont fait dans le passé à une échelle plus réduite. C’est une des façons de comprendre que nous vivons déjà en anarchie, et que ces phénomènes sont une émergence naturelle des sociétés humaines, qui se produisent à des échelles de plus en plus vastes, comme un motif fractal.

La Dégradation Inévitable des Systèmes Étatiques

Le système organisé mis en place à une échelle géographique présente toujours des failles de pérennité, permettant à d’autres individus intelligents de s’insérer dans ces brèches pour en détourner les intérêts à leur profit personnel.

C’est ainsi que toute organisation étatique finit par se dégrader, et c’est pourquoi des sages comme Thomas Jefferson ont déclaré : « L’arbre de la liberté doit être rafraîchi de temps en temps avec le sang des patriotes et des tyrans. »

La dégradation des systèmes étatiques est souvent inévitable en raison de plusieurs facteurs intrinsèques. L’accumulation de pouvoir est l’un des principaux mécanismes de cette dégradation. À mesure que le pouvoir se concentre entre les mains d’un petit nombre de dirigeants, il tend à devenir de plus en plus autoritaire et déconnecté des besoins et des aspirations des citoyens. Cette concentration du pouvoir engendre des abus, des inégalités et une corruption systémique qui affaiblissent l’efficacité et la légitimité de l’État.

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De nombreux facteurs

La bureaucratisation est un autre facteur clé. Au fur et à mesure que les institutions étatiques se développent, elles tendent à se complexifier, créant des structures de plus en plus rigides et inefficaces. Cette bureaucratie mène à une lourdeur administrative qui entrave l’efficience et l’adaptabilité de l’État.

En parallèle, la distance croissante entre les dirigeants et les dirigés contribue à la dégradation. À mesure que les gouvernements deviennent plus grands et plus éloignés des communautés locales, les citoyens se sentent moins représentés et moins impliqués dans le processus décisionnel. Cette dissociation crée un sentiment d’aliénation et une perte de confiance envers les institutions, alimentant les critiques et les revendications pour des réformes ou des changements radicales.

Ces dynamiques combinées font que les systèmes étatiques, malgré leurs intentions initiales de stabilité et d’ordre, finissent souvent par se dégrader et se déconnecter des besoins fondamentaux de la société qu’ils sont censés servir. Un exemple emblématique de cette tendance est l’Empire romain, qui, après avoir duré plus de 500 ans, a fini par s’effondrer en 476 après J.-C. L’Empire romain a connu une phase de grandeur et de stabilité remarquables, mais au fil du temps, il a été rongé par des problèmes internes tels que la corruption, la bureaucratisation excessive, et les tensions sociales et économiques. Sa chute illustre comment, malgré une structure étatique puissante et initialement efficace, la dégradation inévitable des systèmes de gouvernance peut conduire à l’effondrement d’un empire autrefois dominant.

Il est intéressant de noter que ces dégradations ne sont pas limitées aux États ; elles sont également visibles dans toute organisation humaine qui grandit à une échelle suffisamment large. Que ce soit des entreprises, des ONG ou d’autres institutions, l’expansion entraîne souvent une bureaucratisation accrue, une concentration du pouvoir et une détérioration de la connexion avec les objectifs ou les besoins originels. Ce phénomène souligne un défi universel : à mesure qu’une organisation se développe, maintenir son efficacité et sa réactivité devient de plus en plus complexe.

La Liberté comme Processus de Lutte Permanente

Ainsi, la liberté ne doit pas être comprise comme un état à atteindre, mais comme un processus de lutte permanente, nécessitant vigilance face à la dégradation de l’organisation actuelle de la société, l’amélioration de celle-ci, la nécessité de révolutions en cas de dérive tyrannique, et la réduction, autant que possible, des pouvoirs de l’organisation étatique.

La réduction de ces pouvoirs doit être envisagée en priorité à travers des aspects purement pratiques, comme les technologies permettant de réduire les coûts d’application du droit naturel au quotidien. Un exemple simple mais révélateur est celui d’une porte de sécurité. Bien qu’elle aide à sécuriser un domicile en offrant une barrière contre les intrusions, elle ne peut pas empêcher tous les vols. Ces technologies ne peuvent donc pas totalement remplacer le besoin d’une organisation de type étatique, qui reste nécessaire pour gérer les complexités et les défis de la société à une échelle plus large.

Bien que l’organisation étatique soit nécessaire pour maintenir l’ordre et faciliter la coopération dans des sociétés complexes, il est crucial que le pouvoir soit décentralisé autant que possible. La clé d’un système efficace réside dans sa capacité à équilibrer la centralisation minimale nécessaire avec une décentralisation maximale, permettant ainsi aux décisions d’être prises au plus près des citoyens et de leurs besoins locaux.

Pour éviter l’émergence d’un « super État nounou » qui pourrait restreindre la liberté individuelle et créer des abus de pouvoir, il est essentiel de réviser régulièrement la centralisation des pouvoirs. Le processus de contrôle et de contre-pouvoirs doit être constamment évalué et ajusté pour s’assurer qu’il reste proportionné et efficace. En mettant en place des mécanismes de révision et de réforme continue, les sociétés peuvent maintenir un équilibre entre l’ordre nécessaire à la liberté individuelle en société.

Conclusion

En fin de compte, la relation entre anarchie et État apparaît non pas comme une opposition irréconciliable, mais plutôt comme une dynamique évolutive et continue. Si l’anarchie peut être vue comme l’état naturel sous-jacent de l’humanité, l’État est l’une des nombreuses réponses à la nécessité d’organiser ce chaos. Cependant, cette organisation n’est jamais parfaite et tend toujours à s’éloigner de son objectif initial, nécessitant ainsi vigilance, adaptation et parfois révolutions.

À l’avenir, la question essentielle sera de savoir comment équilibrer ces forces. Comment l’État peut-il rester un outil au service du bien commun sans sombrer dans l’oppression ? Comment la société peut-elle se servir des avancées technologiques et sociales pour réduire la concentration du pouvoir et améliorer la gestion collective, tout en maintenant un cadre propice à la liberté individuelle ?

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