Comment faire élire un libertarien en France en 2027

Commençons par l’évidence : aussi appréciable qu’il soit, on ne fera pas élire un Javier Milei en 2027.

Normalement, je m’occupe de philosophie, je cherche la vérité pour soi, peu importe les opinions de la masse. Mais la politique n’est pas la philosophie. La politique, c’est l’art du combat stratégique et pragmatique à court et moyen terme, dans le but d’améliorer les conditions de vie. Il faut donc une approche pragmatique.

Un libertarien aspirant en France doit être à la fois radical et progressiste. Je m’explique : il doit être radical dans sa communication, et sur ce point, on rejoint Milei. Une fois un angle d’attaque stratégique choisi, il n’y a pas de tergiversation : on va droit au but. On dit les choses telles qu’elles sont et on attaque les ennemis de front.

Cependant, il faut être stratégique dans le choix des angles d’attaque. La France n’est ni l’Argentine ni les États-Unis. Certains messages sont plus recevables que d’autres, et d’autres sont équivalents à se tirer une balle dans le pied. Il faut comprendre la pensée actuelle du peuple français et s’adapter.

Prenons des exemples concrets : le port d’armes et les taxes.

La France n’est pas les États-Unis. Dire « il faut rétablir le port d’armes citoyen », même avec une liste ultra stricte de critères comme le propose brillamment @ARPAC00, c’est déjà trop tard, malheureusement. Le Français lambda entendra « il faut armer tout le monde n’importe comment » et ne vous suivra pas dans votre raisonnement, car nous avons perdu toute culture du droit à l’autodéfense.

Il faut donc prendre le contrepied !

Dites : « Je suis contre le fait de continuer à désarmer les honnêtes citoyens face à la racaille violente, toujours mieux armée. »
Ça, tout le monde peut l’entendre et l’applaudir. Essentiellement, c’est la même chose, mais en pratique, l’un est rédhibitoire tandis que l’autre est acceptable.

C’est ce genre de réflexion pragmatique qui manque aux libertariens en politique et qui les rend aussi épidermiques pour la majorité des Français. Si on n’arrive pas à faire entendre les messages libertariens, la France continuera à sombrer pour devenir un pays du tiers-monde, comme l’Argentine avant Milei, c’est-à-dire un pays au bord de l’hyperinflation à la vénézuélienne. Beaucoup de libertariens, dégoûtés par la manière dont leurs idées sont reçues, en viennent à souhaiter ce scénario. Mais la réalité, c’est que cela serait absolument terrible pour des millions de nos compatriotes, et il faut tout faire pour l’éviter.

Ensuite, un libertarien français doit savoir choisir ses combats de cœur. Comme on l’a vu, certains combats, comme le droit à l’autodéfense, sont particulièrement antagonistes avec la culture française actuelle de victimisation. On ne peut pas choisir ces angles-là comme priorités si l’on aspire à gagner à moyen terme.
Il faut cependant un combat prioritaire sur lequel on attaquera de plein front, avec un minimum de contrepied stratégique.

Le combat prioritaire

Il semble aujourd’hui évident que ce sujet est tout trouvé : les taxes. Les Français n’aiment pas les taxes pour eux-mêmes, c’est un fait. Le mouvement des gilets jaunes a démarré suite à l’augmentation des taxes sur l’essence, et s’est étiolé dès que le mouvement a commencé à diversifier ses combats au lieu de se concentrer précisément sur cette question.

Mais il y a un problème majeur : les Français ADORENT entendre qu’on va « taxer les entreprises » et « taxer les riches ». Prenons ces deux angles séparément, et voyons comment répondre aux deux.

Pour les entreprises, c’est l’opportunité d’être pédagogue et d’expliquer que toute taxe sur les entreprises est en réalité une taxe déguisée sur les employés et les consommateurs. Et que l’obfuscation fiscale de notre pays n’est rien de moins qu’une méthode visant à cacher cette vérité. Il faut dérouler un raisonnement logique avec les auditeurs, qui ne soit pas trop complexe pour être compris, et surtout rabâché sans cesse jusqu’à devenir une évidence.

  • « OK, on taxe les entreprises, donc on prend de l’argent. À qui prend-on cet argent concrètement ? »
  • « Euh, aux patrons et aux actionnaires ! »
  • « Bravo ! Très bien, regardons ça de plus près. Quand une entreprise paie une taxe, elle doit compenser cet argent perdu. Comment fait-elle ? Soit elle augmente ses prix, et donc ce sont les consommateurs, vous et moi, qui payons plus cher. Et je sais que ni vous ni moi n’aimons payer plus cher. Soit elle réduit les salaires ou le nombre d’emplois, et donc ce sont les employés qui trinquent, et ni vous ni moi n’aimons l’idée de faire virer des gens. Soit, comme vous, j’aurais tendance à penser qu’elle n’a qu’à réduire les dividendes versés aux actionnaires, n’est-ce pas ? »
  • « Euh oui, en effet. »
  • « Précisément ! Mais les actionnaires ont la capacité de sortir de leur investissement. Et c’est exactement ce qu’ils font. Si investir dans une entreprise française devient moins rentable à cause des taxes, ils iront placer leur argent dans des entreprises américaines, asiatiques ou ailleurs, où les conditions sont plus favorables. Et moins d’argent injecté dans nos entreprises signifie moins de stabilité, moins de nouvelles petites entreprises qui naissent, et donc moins d’emplois créés. C’est un cercle vicieux : en surtaxant nos entreprises, on détruit notre compétitivité et les opportunités pour nos travailleurs. Finalement, ce sont les citoyens français qui en paient le prix. » « Dans tous les cas, c’est toujours vous, le citoyen, qui finissez par payer. Les taxes sur les entreprises ne sont qu’une illusion : ce sont des taxes déguisées sur les citoyens modestes, sur vous et moi. »
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Concernant les riches

Concernant les riches, il faut éviter de tomber dans l’écueil du « défenseur des milliardaires ». Les Français, en plein syndrome de Stockholm, victimes des millionnaires d’argent public, détestent l’idée de s’enrichir. Il faut donc prendre le contrepied sur ce sujet :

  • « Certains accumulent de la richesse en échappant à leurs obligations fiscales, et c’est inacceptable. Mais nous devons en parallèle améliorer la fiscalité pour permettre aux Français modestes de s’enrichir. »
  • « Ceux qui volent le plus les Français, ce sont les millionnaires d’argent public. Il faut mettre fin aux privilèges royaux de la mafia politique. »
  • « Je suis, comme vous, choqué par les abus de certains riches. Et notre pays a en effet un problème prioritaire : nous avons trop de millionnaires d’argent public. Ce sont les citoyens modestes qui paient leurs exubérances. »

Il faut marteler 3-4 messages simples et percutants qui résonnent dans la manière de formuler les problèmes des Français :

  • « Trop d’impôts, c’est moins d’argent dans votre poche à la fin du mois. »
  • « Chaque taxe rapporte à l’État dès aujourd’hui et pour toujours, en échange d’une promesse de redistribution jamais tenue en pratique. »
  • « Il faut rendre l’argent aux Français. »
  • « Mettre fin aux privilèges royaux de la mafia politique. »

Il faut aussi introduire et répéter des néologismes à la française, qui permettront d’ouvrir de nouvelles voies à la pensée, comme la gauche le fait brillamment depuis des décennies : surtaxe, surimposition, supertaxation, hyperfiscalité, taxocratie, étatisme chronique, économicide, fiscalo-SS, bureaucrates, subventionnite aiguë, assistocratie, impot-manie, taxodictature, État glouton, etc.

Il faut faire de même avec 3-4 réalités statistiques bien choisies pour être réceptives par les Français :

  • Nous avons le taux de prélèvement le plus élevé de l’OCDE.
  • Rien que les charges sociales représentent 45 % du superbrut, un record en Europe. Pour un salaire net de 2000 €, l’employeur paye 3300 €, et après impôts et TVA, il ne reste que 1541 € de pouvoir d’achat. L’État a volé 53% de votre salaire, et si vous touchez plus de 2000€ net ce pourcentage est encore plus grand.
  • Le « salaire différé » est une promesse qui se concrétise rarement dans la réalité, alors que le salaire net est une vérité dans votre poche dès aujourd’hui.
  • La bureaucratie française nous coûte 100 milliards par an, qui pourraient être dans votre poche.
  • Le taux de chômage des jeunes dépasse les 20 %

La question des retraites

Un des sujets majeurs pour sauver notre économie est le système des retraites, qui fait exploser le budget. L’électorat français étant vieillissant, il est nécessaire d’adopter une approche qui divise, afin de rallier une partie significative de l’opinion, malgré tout. Il existe une occasion d’exploiter à bon escient la « haine des riches capitalistes » que la gauche a alimentée depuis des années :

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« Nos retraites sont les plus coûteuses au monde et étouffent notre économie. Certains possèdent plusieurs appartements et perçoivent des pensions élevées sans que cela soit pris en compte. Il faut augmenter les petites retraites et réduire celles des riches pour rétablir l’équité et stopper l’exode et le chômage record des jeunes. »

De la même façon, tout contre-argument du type « mais ils ont cotisé pour leur retraite » devra être contré par la réalité brutale : « Non, c’est le problème du système par répartition français : on cotise pour les retraites des actuels retraités, pas pour la sienne. Mais vous avez raison, ce système doit être réformé en introduisant une part de prévoyance personnelle, d’autocotisation. » (Le mot « capitalisation » étant tabou, il faut trouver un néologisme plus acceptable.)

Enfin, il faut ajouter une dimension émotionnelle.

Les Français, surtout les jeunes, ne voteront pas pour un libertarien technicien, raisonneur et froid. Les idées libertariennes peuvent sembler radicales de toute façon, donc il faut quelqu’un qui les défend avec la fougue de la jeunesse — peu importe qu’il soit jeune ou pas, c’est l’énergie qu’il déploie qui compte. Il faut parler avec ses tripes — à la Milei — ne pas hésiter à jurer, s’énerver, insulter les étatistes et laisser parler sa colère. C’est seulement ainsi que le candidat pourra démontrer qu’il comprend leurs souffrances et veut sincèrement les aider.

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